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L'art de ne pas mordre à l'hameçon

  • Photo du rédacteur: Ingrid Franssen
    Ingrid Franssen
  • 17 avr.
  • 2 min de lecture

J’essaie de me rappeler, autant que possible, que les réactions des autres sont des révélateurs. Des manifestations, parfois maladroites, parfois violentes, d’un état intérieur qui leur appartient.


Les réactions des autres, leurs sauts d’humeur, leurs silences, leurs tensions, nous semblent souvent dirigées contre nous. Et pourtant, elles disent souvent tout autre chose.

Elles ne parlent pas (seulement) de nous.Elles parlent d’abord des autres.De ce qu’ils vivent.De ce qu’ils retiennent.De ce qui déborde.


Un ton sec, un haussement de voix, une agressivité soudaine : tout ça peut être le signe d’une émotion mal digérée, d’un trop-plein, d’un déséquilibre intérieur. C’est un langage brut. Parfois brutal. Et souvent sincère, même si mal exprimé.


Et c’est là qu’il faut faire un pas de côté :Ne pas surinterpréter. Ne pas prendre tout personnellement.Ne pas croire que c’est forcément "contre" nous.

Une réaction intense peut révéler une lutte intérieure.Un silence figé peut traduire un abandon émotionnel.Un éclat de colère peut cacher une fatigue, une peur, ou une vieille blessure jamais apaisée.


L’absence de réaction n’est pas toujours du calme

Face à quelqu’un qui ne réagit pas, on peut croire qu’il est "au-dessus de ça", qu’il maîtrise, qu’il reste zen. Mais parfois, cette neutralité est un signal d’alarme silencieux.

Certaines personnes, face à une tension ou à une attaque, figent.Elles n’ont pas appris à répondre, ou bien elles ont appris que se taire, c’était plus sûr.Le calme apparent n’est pas forcément un ancrage : ça peut être une forme de soumission, une confusion intérieure, une peur d’aggraver la situation.


Autrement dit : l’excès comme l’absence de réaction sont des langages émotionnels, pas des verdicts.


Comprendre les réactions des autres, c’est utile. C’est même précieux. Mais ça ne veut pas dire tout excuser, ni tout encaisser.

Parfois, le comportement de l’autre est simplement déplacé, irrespectueux, voire toxique. Et ce n’est pas en essayant de comprendre à tout prix qu’on se protège.

Il ne s’agit pas de tolérer l’inacceptable, ni de s’annuler pour mieux "comprendre l’autre". Il s’agit de garder un équilibre :


  • Reconnaître que ce que l’autre vit lui appartient.

  • Nommer ce que vous ressentez sans entrer dans le jeu du conflit.

  • Poser vos limites avec clarté, même (et surtout) quand l’émotion est forte en face.


Dans toute relation, notre rôle n’est pas de réagir à chaud, ni de s’écraser en silence.C’est de cultiver un espace d’échange sain, dans lequel chacun peut exister sans dominer.

Un espace où on ne balance pas ses colères, mais où on peut dire :


« Là, je suis fatigué·e, et j’ai besoin de calme. »

Un espace où on ne se referme pas comme une huître, mais où on ose dire :


« Je ne sais pas comment réagir maintenant, mais je ne veux pas qu’on se parle comme ça. »

Un espace où la vérité émotionnelle ne devient pas un outil pour manipuler, blesser ou se victimiser, mais une matière pour grandir ensemble.


Les réactions des autres sont des fragments de leur monde intérieur.Notre rôle, ce n’est pas de tout comprendre, ni de tout supporter.C’est d’apprendre à répondre avec conscience, à poser nos propres repères,et à faire de l’échange humain un lieu d’équilibre, pas de domination ni de manipulation.

 
 
 

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