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J'ai mis des limites, et j'ai perdu un contrat. C'était la meilleure chose à faire.

  • Photo du rédacteur: Ingrid Franssen
    Ingrid Franssen
  • 2 avr.
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 3 avr.

J'ai mis des limites — comme je le recommande souvent — et j'ai perdu un contrat.

Je vous entends déjà me dire : "Ben voilà pourquoi c'est super dur de poser ses limites." Et vous avez raison. L'enjeu est réel. Très réel.




Parce que poser une limite, c'est souvent risquer de perdre ce qui nous sécurise : un revenu, un lien, une routine rassurante, ou simplement la sensation de contrôler un peu le chaos.

Mais voilà le truc : ce qu'on croit perdre, c'est parfois ce qui nous retenait prisonnier.

Dans mon cas, ce contrat était une superbe opportunité créative - au début, et financièrement, il représentait une forme de sécurité. Mais il venait avec son lot d'agressions "déguisées", de tensions à répétition, et de rapports de force à peine voilés. Et à force de dire "ça va aller", j'étais en train de m'oublier.


Alors j'ai dit stop.J'ai posé mes limites.J'ai nommé ce qui n'était plus acceptable.Et boum : le contrat a sauté.

Est-ce que j'ai flippé ? Oui.Est-ce que j'ai douté ? Un peu.Est-ce que j'ai regretté ? Pas une seconde. Cette sensation de conviction profonde mélangée à une forme de chaos est d'ailleurs étrange.

Parce que ce jour-là, j'ai fait un choix aligné.Un choix qui disait :"Je préfère être en paix que de subir ça".


Après avoir poser des limites, il faut traverser ce qui suit. Le questionnement : aurais-je du-pu faire autrement, les doutes, la tentation de revenir en arrière. Et aussi une pression sociale, voir financière. C'est aussi là que la magie opère. Parce que quand tu tiens, quand tu restes droit(e) dans tes pompes...Ce que tu perds te libère. Et ce que tu gagnes, est énorme. Je suis convaincue que sans risque, il n'y a rien de vrai à gagner. Depuis, d'autres choses se sont ouvertes.Pas des montagnes d'euros, mais des espaces de respiration.Des projets clean, des relations vraies, et surtout... la sensation de me retrouver.


Et puis, ne pas poser ses limites, à long terme, ça détériore notre humanité. Vous avez une responsabilité vis à vis de vous-mêmes et vis à vis des autres. Ne pas le faire, alimente un système où chacun encaisse, ravale, s'adapte... jusqu'à l'épuisement.


La vérité, c'est que beaucoup d'adultes sont des enfants blessés dans des corps de grands.Ils n'ont jamais pris l'espace pour regarder leurs traumas en face.Et quand tu n'as jamais essayer de dire : "Là j'ai mal." "Je me sens rejeté." "Je suis en colère parce que j'ai peur."

...alors tu cherches une autre façon de l'exprimer. Parfois c'est le contrôle. Parfois c'est l'agression. Parfois c'est l'arrogance, ou le mutisme, ou la mauvaise foi, la manipulation, l'alcool, le sport à l'excès...Bref, tu cries. Même en silence.


Et dans un corps d’adulte, oser se dire qu’on est encore ce petit garçon ou cette petite fille blessée, c’est vertigineux. C’est lourd. Ça bouscule tout ce qu’on pense devoir incarner.

Mais si on ne le fait pas…Alors, sans le vouloir — ou parfois très consciemment — on répand notre douleur. Et on finit par devenir ce dont on aurait aimé être protégé.Ce qu’on dégage, ce n’est pas toujours ce qu’on est. C’est souvent ce qu’on a survécu.


C'est pour ça que poser des limites n'est pas qu'un acte de self-care.C'est un acte d'amour.Pour soi. Et pour l'autre.Même si l'autre ne le voit pas.Même s'il te rejette.

Parce qu'en posant tes limites, tu lui montres ce qu'il ne voit pas encore :


Que c'est possible de vivre sans hurler.Que c'est possible de respirer, sans écraser.Que la relation peut être un lieu de sécurité, pas de domination.


Ce besoin de minimiser ce qui ne va pas, de dire "ça va aller" est un réflexe de survie bien ancré. Le cerveau préfère rester dans l'inconfort connu plutôt que de s'aventurer dans l'inconnu du changement. C'est comme de porté un pull troué : le petit trou, au début toléré, s'agrandi au risque de vous exposer tout nu et d'attraper une maladie chronique. Je développerai ce sujet très bientôt, car il mérite tout un chapitre à lui seul.

Si, quand tout est juste, tu perds ce qui te sécurise, c'est pour gagner ce qui te protège.


 
 
 

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