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La beauté change de camp!

Photo du rédacteur: Ingrid FranssenIngrid Franssen

Le stéréotype du “ce qui est beau est bien” est un mythe en transformation!

Depuis des décennies, les études en psychologie sociale ont mis en évidence un biais cognitif puissant : le stéréotype du “ce qui est beau est bien” (What is beautiful is good). Popularisé notamment par les recherches de Dion, Berscheid et Walster (1972), ce phénomène démontre que les individus perçus comme physiquement attractifs sont automatiquement jugés plus compétents, plus intelligents et plus dignes de confiance.

Or, à l’ère des Kardashian, des retouches numériques et des transformations chirurgicales extrêmes, cette association entre beauté et vertu semble être remise en question. Le beau devient artificiel, exagéré, parfois grotesque. La beauté est-elle en train de perdre son aura ?




Le pouvoir de la beauté : une injustice bien documentée

Les effets de la beauté sur le traitement social des individus ont été démontrés dans de nombreuses études :


  1. Clémence judiciaire

    • Reingen & Kernan (1993) ont démontré que, dans des cas de délits mineurs ou de crimes plus graves, les personnes perçues comme belles reçoivent des peines plus légères et sont jugées moins sévèrement que les personnes considérées comme “peu attractives”.

    • Ce biais est observé dans les tribunaux du monde entier et met en lumière une distorsion cognitive inconsciente dans l’évaluation morale et pénale des individus.

  2. Réussite scolaire et professionnelle

    • Les enseignants ont tendance à accorder des notes plus élevées aux élèves jugés beaux, même lorsque leurs performances objectives ne le justifient pas (Landy & Sigall, 1974).

    • Dans le monde du travail, les recherches de Hamermesh & Biddle (1994) montrent que les employés plus attractifs perçoivent des salaires plus élevés, parfois jusqu’à 15 % de plus que leurs homologues jugés moins séduisants.

    • L’accès aux postes à responsabilité est aussi biaisé par ce phénomène : la beauté favorise les recrutements, notamment pour des métiers en lien avec la communication et le leadership.


Vers une saturation du beau et un retour à l’authenticité ?

Cependant, un changement semble s’opérer. Ces 25 dernières années ont vu la beauté être transformée, exagérée, marchandisée à outrance. Avec la popularisation des chirurgies plastiques extrêmes, des filtres numériques, du botox omniprésent, le concept même de beauté semble être déformé jusqu’à perdre son pouvoir originel.


  1. La saturation visuelle et l’effet d’aliénation

    • Lorsque tout le monde reproduit les mêmes codes esthétiques (pommettes saillantes, lèvres gonflées, silhouette sculptée), la beauté cesse d’être un atout différenciant.

    • Le paradoxe est que plus l’accès à la beauté artificielle s’est démocratisé, plus elle a perdu sa valeur perçue.

  2. Le backlash de la beauté artificielle

    • L'authenticité et l’imperfection sont devenues des critères de beauté recherchés. On observe une montée en puissance des mouvements prônant le body positivity, le naturel et l’acceptation de soi.

    • Sur les réseaux sociaux, les filtres extrêmes sont de plus en plus dénoncés et certaines célébrités prennent position pour revendiquer leurs imperfections.

  3. Une nouvelle perception de la beauté

    • La beauté pourrait se redéfinir sous un prisme plus large, basé sur l’unicité, le charisme et l’authenticitéplutôt que sur des critères rigides et uniformes.

    • Des études récentes montrent que les traits naturels et les visages expressifs sont désormais plus attractifs que les visages figés par les interventions chirurgicales.


Conclusion : un retour à l’équilibre ?

Le monde a longtemps associé la beauté à des qualités positives, offrant ainsi des avantages sociaux et économiques aux individus jugés attractifs. Mais la surenchère esthétique des dernières décennies a progressivement vidé le beau de sa valeur, le rendant trop accessible, artificiel, et parfois même repoussant.

Ce phénomène pourrait paradoxalement permettre un retour à un équilibre plus sain, où l’on chercherait la beauté ailleurs que dans l’apparence purement physique : dans le charisme, l’expression, la singularité, l’intelligence émotionnelle.

Finalement, plus la beauté se standardise et s’artificialise, plus elle interroge et pousse à sa redéfinition.

Désormais, la beauté ne garantit plus le bien-être, la réussite ou la vitalité. Poussée à l’extrême, elle peut même suggérer une quête d’idéal illusoire, un reflet d’une pression sociale plus qu’un véritable épanouissement.

 
 
 

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