Tout le monde connaît les grandes lignes d’une recette, certains ont les bons ingrédients, d’autres les bonnes techniques. Pourtant, quand dix personnes suivent la même recette, on obtient dix plats qui se ressemblent mais qui n’ont pas tout à fait le même goût. En communication, c’est la même chose. Les recettes toutes faites pullulent, les conseils se ressemblent, et pourtant, le résultat est rarement identique, voir pas celui qu'on attend. Pourquoi ? Parce que l’ingrédient qui fait toute la différence, ne figure dans aucun manuel.

Les recettes toutes faites : une illusion d’efficacité
Des phrases comme « Adaptez votre langage à votre cible » pullulent dans les manuels de communication. Ces affirmations, censées être des évidences, sonnent souvent creux. Aujourd’hui, la cible n’est plus dupe. Elle sait qu’elle est courtisée, analysée, ciblée, et surtout, elle a un pouvoir absolu : celui de zapper, de fermer la page, de scroller, de couper le son. Alors pourquoi s’acharner à lui parler comme si elle était une masse uniforme, docile et réceptive ?
J’ai animé plusieurs milliers d’émissions de radio. Pendant ces heures d’antenne, mon challenge n’était pas de réciter un discours formaté ou de placer un certain nombre de mentions de marque comme demandé par mes directeurs. Mon objectif était simple : donner envie à ceux qui m’écoutaient de rester. Faire en sorte que chacun, qu’il soit timide, amoureux, en pleine détresse ou simplement curieux, trouve quelque chose qui lui fasse du bien. Pas parce que c’était mon rôle, mais parce que c’était mon intention. Parce que sans cette intention sincère, il n’y a que du bruit, des mots creux et des gens qui s'éloignent.
L’ingrédient indispensable : ce que vous avez envie d’apporter
La communication ne se réduit pas à un plan bien ficelé ou à un ensemble de techniques éprouvées. Ce qui fonctionne, ce qui fait la différence, c’est l’authenticité de ce qu’on veut apporter aux autres. Pas pour se mettre en avant, pas pour prouver qu’on maîtrise les codes, mais simplement pour créer une connexion.
Le jour où j’ai quitté la radio après vingt ans d’antenne, j’ai reçu des milliers de messages. Ce n’était pas les marques que les auditeurs avaient retenues, ni les formules polies dictées par des consultants. C’était l’intention, l’émotion, l’échange. Ce que j’avais tenté d’apporter chaque matin. Ce lien-là, aucun manuel de communication ne peut l’enseigner, et pourtant, c’est lui qui fait toute la différence.
Quand la communication rencontre ses propres limites
Récemment, un client souhaitait améliorer sa communication. Enthousiaste à l’idée de progresser, il voulait des conseils, des pistes, des stratégies. Mais à chaque remarque un peu confrontante, il s’agaçait, prenait ses distances. Il voulait progresser, mais pas au prix de sortir de sa zone de confort. Là encore, c’est une vérité essentielle de la communication : elle ne fonctionne que si l’autre est prêt à recevoir.
On peut affiner son message, travailler son ton, peaufiner sa stratégie, mais si la personne en face n’est pas disposée à entendre, cela ne nous appartient pas. C’est une leçon aussi frustrante qu’indispensable. L’efficacité d’un message ne dépend pas seulement de celui qui l’émet, mais aussi de celui qui le reçoit. Et accepter cette réalité, c’est peut-être la plus grande clé d’une communication réussie.
Conclusion : Parler vrai, quitte à ne pas plaire à tout le monde
Communiquer, ce n’est pas plaire à tout prix, ni cocher des cases. C’est penser à l’autre avant de penser à soi, tout en acceptant que parfois, l’autre ne voudra pas ou ne pourra pas recevoir ce qu’on lui propose. C’est aussi ça, l’ingrédient secret d’une communication sincère : accepter que tout ne nous appartient pas, mais faire en sorte que ce que l’on donne ait du sens pour ceux qui voudront bien l’accueillir.
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